Les premiers hommes modernes : découvertes et innovations technologiques


De nombreuses études ont été menées pour apprécier les réalisations des premiers hommes modernes africains. Celles-ci révèlent un certain nombre de faits historiques qu’il nous convient de cerner.

La confirmation de l’origine africaine de l’humanité :

Les importantes découvertes faites en Afrique dans les années 60 ont permis de dresser l’autopsie, d’une part de la thèse polycentriste (origines multiples de l’homme moderne) et d’autre part, du paradigme de l’hominisation couramment admis en occident jusqu’alors.

En effet en 1959, la découverte à Olduvaï (Tanzanie) d’un australopithèque robuste gisant à côté d’outils polis en pierre taillée, par Louis et Mary Leakey a confirmé que l’Afrique est bel et bien le berceau de l’humanité. Par la suite, les recherches des généticiens, tel le professeur Luigi Luca Cavalli-Sforza, de l’université de Stanford (USA) viendront renforcer la thèse africaine :

"L’Homo Sapiens Sapiens est bien originaire d’Afrique, d’où il est parti pour se lancer à la conquête du monde", a d’ailleurs déclaré ce dernier [1].

Ainsi, compte tenu de l’origine géographique de l’humanité (la vallée éthiopienne), il est évident que celle-ci fut dès l’origine pourvu fortement de mélanine donc noire. L’apparition des autres variétés d’humains n’est donc que le long résultat de l’adaptation de l’homme aux divers climats et régions de la planète. Par conséquent, il convient de noter comme le suggère le professeur Cheikh Anta Diop que : "Si l’on s’en tenait strictement aux données scientifiques et aux faits archéologiques (...) c’est le prototype même de la race blanche qu’on chercherait en vain dans les tous premiers âges de l’humanité actuelle" [2].

- Les premières innovations technologiques africaines :

Deux anthropologues américains, Alison S. Brooks du département d’anthropologie de l’université George-Washington et Sally Mc Brearty, du département d’anthropologie de l’université du Connecticut ont entrepris en 2000 de découvrir si oui ou non, il existe actuellement sur le continent africain, des preuves formelles d’un "comportement moderne et intelligent" remontant à avant 40 000 avant J. C. Une telle étude en dit long sur les idées qui les animaient à l’origine (parallèle sous-jacent avec l’apparition des grottes rupestres en Europe).

Par "comportement moderne" on entend une série de critères précis, tels que la diversification des outils, l’apparition d’une industrie sur lames, d’outils en os et en bois, la présence d’ornements de formes artistiques, la preuve d’échanges entre groupes, etc...

Les résultats de leurs travaux ont été publiés dans le "Journal of Human Evolution" [3] en 2000 et dans la revue "Sciences Humaines", d’avril 2002.

Voici quelques unes de leurs conclusions :


Vers 300 000 ans avant J. C. une révolution technologique s’est produite en Afrique avec l’apparition des lames, des pointes, des meules de pierre et l’usage de colorants. Ainsi, la présence de lames au Kenya est attestée vers 280 000 avant J. C. et sur d’autres sites, l’existence de pointes en silex ou en os remonte à  230 000 avant J.C.

. Des indices sérieux de révolution intellectuelle apparaissent vers 80 000 ans avant J. C. avec notamment la grotte de Blombos en Afrique du Sud, soit avec près de 50 000 ans d’avance sur l’Europe. "La découverte en Afrique d’outils en os plus anciens (que ceux trouvé en Europe) suggère que (...) que l’entrée dans la "modernité" du paléolithique, pourrait être apparue bien avant l’arrivée en Europe" [4].

. On observe sur plusieurs sites africains, des matériaux provenant de gisements lointains : 100 km (site de Gabed - Ethiopie) et même 190 km (Pudo Makwar - Kenya). En Europe, environ 15 % des sites du paléolithique moyen contiennent des pierres issues de gisements lointains situés entre 80 et 100 km.

SCENE DE CHASSE

Les ornements (perles, colliers...) qui sont associés au symbolisme  remontent à 130 000 ans avant J. C. en Afrique (site d’Aterian) contre 40 000 ans avant J. C. en Europe.



BIJOUX EN COQUILLAGE


Enfin, les grottes rupestres ne sont pas une exclusivité européenne. Il en existe en Afrique (au sud de la Namibie par exemple, dans la grotte Apollo 11, le professeur Eric Wendt a découvert en 1969 plusieurs dalles peintes datées de 50 000 à 30 000 ans environ, figurant des animaux. Par ailleurs, vers 30 000 ans avant J. C. on trouve des grottes peintes en Australie, en Tanzanie, en Sibérie et en Europe.

Références bibliographiques:                   

[1] Atlats génétique du professeur Sforza.
[2] Antériorité des Civilisations nègres - C. A. Diop, éd. Présence africaine, p. 25.
[3] Journal of Human Evolution - The Revolution that wasn’t a new interpretation of the origin of modern human behavior - n° 39 - 2000.
[4] Journal Le Monde du 15/01/2002.