Luzia, une africaine en Amérique du sud vers 11 500 avant J. C.



Des crânes découverts au Brésil montrent que ce sont bien des Africains qui ont posé les premiers le pieds en Amérique du Sud.

Article publié par le site cybersciences.com. Brésil, États-Unis Auteur : Anick Perreault-Labelle 12/04/2001

Six crânes intacts découverts au Brésil suggèrent que les Africains auraient « colonisé » l’Amérique du Sud bien avant qu’apparaissent... les Indiens d’Amérique ! 

Cette hypothèse, proposée par l’anthropologue Walter Neves et ses collègues lors du congrès de l’American Association of Physical Anthropologists, va à l’encontre des théories actuelles sur le peuplement du Nouveau Monde. La plupart des experts, en effet, estime que les asiatiques ont été les premiers à emprunter le détroit de Béring - alors une bande de terre ferme - pour passer de l’Asie à l’Amérique. De fait, les crânes des autochtones américains d’aujourd’hui ressemblent passablement à ceux des asiatiques.

Mais les fossiles âgés de 8 000 à 11 000 ans qu’ont exhumés les chercheurs brésiliens et américains ont une boîte crânienne étroite et allongée, et des orbites relativement basses : ils témoignent, en d’autres mots, d’une parenté davantage africaine qu’asiatique.

Un autre crâne sud-américain, le plus vieux jamais découvert en terre américaine, avait lui aussi cette parenté africaine : le crâne de Luzia, âgé de 11 500 ans.

Selon Walter Neves et son équipe, les Africains ont d’abord émigré en Asie, puis ils ont continué leur chemin : certains sont partis vers le sud, allant jusqu’en Australie pour donner naissance aux aborigènes, tandis que d’autres sont montés vers le nord, jusqu’en Amérique. Une hypothèse qui ne fait pas consensus. Si les Sud-Américains avaient des morphologies très diversifiées, soutiennent ainsi certains chercheurs, c’est peut-être un hasard si certains crânes semblent africains. Il semblerait donc qu’avant d’éclairer l’histoire pré-européenne de l’Amérique, ces six nouveaux crânes « africains » alimentent surtout les débats.

COMPLEMENT D’INFORMATION d’AFRICAMAAT

Un lecteur qui lira l’article cité en référence pensera qu’il s’agit d’une information inédite. En fait, il n’en est rien, c’est un très vieux débat.

Quelle est la problématique ? 

On a trouvé depuis très longtemps en Amérique du sud des vestiges archéologiques qui confirment la colonisation de l’Amérique du sud par l’Afrique.

De plus, les témoignages des chercheurs sud-américains même confirment cette donnée. Là-dessus, les chercheurs occidentaux tournent autour du pot car certains mettent du temps à admettre officiellement la vérité.

Naturellement, tous évitent soigneusement d’affronter les spécialistes sud-américains, afro-caribéens, africains et africain-américains, tels Runoko Rashidi ou Yvan Van Sertima, sur cette question. Mais ceux qui ont fait l’effort d’analyser en toute objectivité, les vestiges archéologiques, tels Léo Wiener, Jean Mazel ou encore Walter Neves ont officiellement approuvé la thèse de la colonisation africaine.

La thèse d’un passage par le détroit de Béring vers 12 000 avant JC. qui aurait engendré la première colonisation du continent américain est battue en brèche par la découverte de vestiges archéologiques africains datant de plus de 12 000 ans avant J.C. en Amérique du sud (Brésil). Il convient donc d’admettre que le premier chemin emprunté ne fut donc pas le détroit de Béring.

En fait dès 1900, la présence de Noirs en Amérique ne pouvait plus être perçue comme une farce. Mais naturellement en Europe, en raison de l’idéologie coloniale, il y avait de forts mouvements de réticence. Déjà en 1871, un savant américain du nom de John D. Baldwin, affirmait qu’il n’est pas :

"Difficile de penser que des groupes de Phéniciens ou d’Éthiopiens qui étaient établis tout autour de la Méditerranée et même au-delà du détroit de Gibraltar, aient pu avoir des liens avec l’Amérique, avant même que Tyr et Sidon ne soient construites" [1].

Un anthropologue français lors de la conférence de Barcelone en 1964, refusait d’admettre la présence d’africains en Amérique du Sud, tant du moins que l’on n’avait pas exhumé de squelettes sur place. En février 1975, la preuve anthropologique fut donnée : à l’est de Porto-Rico, dans les îles Vierges, deux tombes ont été découvertes. Le sol où elles furent creusées datent de 1 250 avant J.C. En analysant leurs dents, on découvrit qu’elles portaient toutes des traces de mutilations typiquement africaines.

Plus tard, en 1980, un craniologiste polonais, le professeur Weircinski, affirma que près de 13,50 % des squelettes du cimetière Olmèque de Tlatilco étaient négroïdes ainsi que 4,5 % de celui de Cerro de Las Mesas.

Peter de Roo, confirma encore que des Noirs s’étaient installés dans l’hémisphère Ouest et avaient même créé des liens avec les premiers américains [2].

Mendoza relata encore, qu’il avait rencontré des Nègres en Amérique tout comme Balboa qui, lors de son expédition pour la découverte de l’océan pacifique, découvrit encore des Africains dans la région de Quareca, à environ deux jours de marche du golf de Darien, autre lieu d’implantation Nègre.

Philologue à l’université de Havard, Léo Wiener, consacra en 1920, une étude sur ce sujet qui confirma la thèse de Mendoza et de Balboa. Chose intéressante pour nous, il constata même une forte influence africaine dans les langues amérindiennes [3] :

"Quand nous nous référons aux appellations de la patate douce et du yam en Amérique, nous ne trouvons que des formes africaines. Là-bas, comme ici, les deux sont confondus et tout spécialement ces noms ont survécu, comme le précisait déjà en 1494 le docteur Chanca, compagnon de Christophe Colomb. Il appela la plante ainsi décrite qui ne pouvait être que la patate douce, à la fois nabi et yam".

Au Sénégal justement, en Wolof, la patate douce se dit Nyambi. La parenté phonétique, comme le souligne le professeur Mazel, est nette. Yam est bien la simplification de Nyambi. Aux Antilles, nous désignons certains tubercules du nom de Zyam.

Mais le plus décisif, est que Christophe Colomb a lui-même décrit ces communautés africaines vivant en Amérique. Elles venaient selon lui, de Guinée. Ces africains étaient d’après lui, des commerçants spécialisés dans le travail de l’or appelé Guanin à l’époque et dont la composition, le nom et les caractéristiques rappelaient l’or que l’on trouvait en Afrique, au Sénégal par exemple (or brut non raffiné, souvent mélangé avec du cuivre et dont le titre est d’environ 4 carats de métal précieux).

"Lorsqu’en 1492, Christophe Colomb découvrit par hasard les Antilles, croyant se trouver aux Indes, et lorsque Pedro Alvares Cabral, à la suite d’une erreur de cap, jeta l’ancre devant les côtes brésiliennes, en l’an de grâce 1500, on peut affirmer qu’il y avait déjà des Noirs en Amérique, voire même une influence culturelle majeure en certains lieux. Pendant longtemps une telle affirmation aurait été considérée par la science officielle comme une vue de l’esprit. Mais il y a aujourd’hui, suffisamment d’éléments puisés tant dans l’archéologie que dans les textes, dans des découvertes récentes ou plus anciennes, mais interprétées récemment, pour affirmer que des contacts ont existé entre l’Ancien Monde et le Nouveau Continent, contacts dont les Noirs n’ont pas été exclus, bien au contraire (...) Il y a tout d’abord dans le golfe du Mexique, ces immenses têtes, ces sculptures monumentales représentant des visages, dont les traits sont manifestement négro-africains (...) On peut donc affirmer que des Noirs jouissaient, entre 500 et 100 avant J.C., sur les rives du golfe du Mexique, de positions aussi éminentes que celles de rois ou de personnages divinisés. Comme le souligne le professeur Joel A. Rogers, certaines éminentes personnalités même du Mexique attestent de cette présence. Le professeur mexicain Marquez dit textuellement à ce sujet : "Le type nègre existait dans les plus anciennes sculptures du Mexique. Des nègres sont mentionnés ou sont présents dans les plus anciennes traditions de notre pays",Souligne encore le professeur Jean Mazel [4].

De son côté Riva Palacio, un historien mexicain, déclare :" Il est indiscutable que dans des temps très anciens, la race noire a occupé notre territoire, le Mexique. Les Mexicains se souviennent d’un Dieu noir, Ixtilton, ce qui veut dire "figure noire".

Selon les historiens arabes, l’empereur du Mali, le Sultan Moussa, a envoyé une expédition de 2 000 hommes, à bord de navires vers l’Amérique. Nous savons encore que le Roi Bacary II, autre roi du Mali, a lui aussi effectué le voyage vers l’Amérique avec une importante flotte navale, en suivant tout simplement le courant chaud (Gulf Stream) qui relie l’Afrique aux Amériques. Les historiens disent que seule une partie de la flotte fit le voyage retour.

Cela veut aussi dire, que les africains ont rencontré les premiers, les Indiens à Madinina nom indien de la Martinique et Karukéra nom indien de la Guadeloupe qui étaient sur leur trajectoire, avant d’y revenir en tant que captifs de la traite négrière. Car, comme le confirme Jean Mazel qui a d’ailleurs rencontré Aimé Césaire en Martinique, il est impossible qu’ils n’aient pas atteint les contrées américaines et les îles de l’archipel Caribéens, d’où le signalement de leur présence en Amérique :

"Impossible qu’aucun des 2000 individus répartis dans plus de 100 embarcations n’ait atteint les Antilles ou l’extrême est de l’actuel Brésil" [5].

Mais le champion toute catégorie de cette problématique reste le professeur guyanais Yvan van Sertima. Un article publié en France dans le magazine "Ca m’intéresse", lançait à son sujet sur un ton plutôt cynique :

"Que des Noirs aient pu faire œuvre de civilisation il y a deux mille huit cents ans parut inconcevable à bien des historiens, sauf à Ivan van Sertima, un anthropologue guyanais à l’université de Rutgers. Depuis des années, il accumule les faits, indices et témoignages à l’appui et tous les documents semblent bien lui donner raison, ce serait bel et bien les Noirs qui auraient découvert l’Amérique, des Noirs venus de Nubie, du bassin du Nil entre Assouan en Egypte et Khartoum au Soudan".

Pour appuyer ses dires Sertima s’appuie entre autre sur les faits suivants : 

- Des têtes de Nègres de plusieurs tonnes ont été sculptées durant l’antiquité en Amérique du sud et y étaient vénérées par les peuples locaux, exemple : les Olmèques,


-Les datations effectuées sur les objets trouvés,

- Les rituels religieux d’Amérique du sud révèlent de nombreuses similitudes avec ceux de l’Egypte antique, exemple : le rituel d’ouverture de la bouche pour la momification du défunt,

- Les témoignages même des historiens indiens sont formels sur cette présence africaine en terre américaine. Et ce ne sont pas les seules preuves de cette présence africaine en Amérique.

Le professeur René-Louis Parfait ETILE de l’Institut Africamaat ajoute que : le site de Pedra Furada au Brésil, semble battre tous les records. En effet, des charbons ont été trouvés dans un foyer. Les échantillons ont été analysés aux Etats-Unis et en France (datation au carbone 14). Les analyses ont permis d’établir la datation à 50 000 BP. Un vrai record ! A cette époque, seulement les Noirs peuplaient la terre.(A titre comparatif, Lascaux, en France, c’est 17 000 BP). Sans commentaire ! [6].


Références bibliographiques:                    
[1] Cf. John D. Baldwin, L’Amérique ancienne : Notes sur l’archéologie américaine
[2] Cf. Peter de Roo, Histoire de l’Amérique avant Christophe Colomb
[3] Cf. Léo Wiener, L’Afrique et la découverte de l’Amérique. Deux autres volumes suivirent en 1922
[4] Cf. Jean Mazel, Présence du Monde noir, éd. Robert Laffont
[5] Cf. idem
[6] Historia N° 654 juin 2001, Quand l’ADN bouscule l’histoire.